LUCILIUS (180-103 avant notre ère)
Inventeur de la satire poétique, Lucilius compose trente volumes qui inspirent Horace et Juvénal.
Il écrit des épigrammes, qui sont souvent de violentes attaques ad hominem.
Voulant faire taire les soupçons
Un beau matin Apollophane
Fit vœu d’oublier les garçons,
Et de prendre une jolie femme.
Le jeune marié déclara :
« J’aurai un fils ! » Sur l’agora
Dès le lendemain que vit-on ?
L’homme au bras d’un joli garçon.
MARTIAL (40-104)
Bohème et indigent, Martial vit des subsides que lui fournissent quelques grands personnages de l’Etat, en échange de poèmes flatteurs, pour lesquels, exceptionnellement, il châtie son langage. Ses épigrammes sont des tranches de vie réalistes, proches des « échos indiscrets » de nos journalistes people. Il ne cache pas son homosexualité mais ne craint pas de fustiger les excès de ses contemporains.
Tu as vendu trois petits champs
Pour acheter trois petits cus,
Au lieu de labourer trois champs
Maintenant tu bourres trois cus.
Il fait aux plus vaillants la nique
Et n’est-ce pas avec bon sens ?
Puisqu’il suce aussi bien la pique
Que pas un garçon de son temps ?
Hé voyez, cet esclave est maigre !
-Oui il ne boit que du vinaigre,
Merveille qu’il ait tant vécu
Son pain est dur comme une souche
Et la chair qu’on prend par la bouche
Son maître lui met dans le cu.
Ton esclave a mal à la pine
Ton anus est en désarroi
Sans être devin, j’imagine
Ce qu’il a pu faire avec toi.