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Joachim WINCKELMANN, Eunuques et castrats

Petite Histoire de l’Homosexualité.

(Souvent plus amusante que la grande…) 

Par Michel LARIVIERE, historien.

Le nu masculin 

D’origine allemande, Joachim WINCKELMANN  (1717- 1768) est le premier archéologue à faire l’apologie du nu masculin antique. Avant lui, on confond l’étrusque et le grec, ou on simplifie à l’extrême : tout ce qui est nu est grec, tout ce qui est habillé est romain.

C’est Winckelmann qui  réussit le premier une tentative de classement chronologique, avec son ouvrage : Histoire de l’art chez les Anciens.

C’est parce qu’il était homosexuel, qu’il s’est intéressé au nu masculin. Il était « partie prenante » de cet art. L’archéologue meurt à Trieste, assassiné par un gigolo qui lui vole sa collection de monnaies antiques.

La feuille de vigne

En 1818, les moulages commandés par l’American Academy of Arts arrivent à New-York.

Ils sont tous couverts d’une feuille de vigne avant d’être exposés. Même castrés, on juge peu convenable de montrer ces chefs d’œuvre à un public mixte. On craint que les hommes ne fassent des remarques indécentes, ou que les jeunes filles ne soient choquées par les nudités, même si le sexe est caché…Après beaucoup d’hésitations, la direction du Musée instaure un jour de visite pour les hommes et un autre jour pour les femmes !

Antinoüs 

L’empereur romain Hadrien (76-138) fit édifier des centaines de statues de son amant Antinoüs, qui deviendra le modèle, l’archétype de la beauté masculine. Dans la statue qui se trouve au Capitole, le travail de sculpture des testicules est si fin qu’une feuille de papier glissée entre les deux testicules…reste en place !

Eunuques et castrats

Etre castré (ablation des testicules) n’empêche pas d’avoir une érection parfaite.

En Orient, les eunuques gardiens du sérail d’un sultan n’étaient pas chargé de veiller à la chasteté des femmes, bien au contraire, les eunuques avaient pour mission de satisfaire érotiquement des épouses trop nombreuses pour un même pacha,…sans risque de grossesse !

En dehors du sérail, l’eunuque était très recherché par des femmes avides de plaisir sexuel, car l’absence d’éjaculation (outre la certitude de ne pas enfanter) permettait à l’eunuque de faire durer son érection aussi longtemps que la femme le souhaitait…

Tout cela pour en venir à la déclaration du pape Paul VI le 15 janvier 1976 condamnant les homosexuels « nouveaux eunuques » parce qu’ils ont la faculté de faire l’amour…sans faire d’enfants.

Jusqu’au début du XIXème siècle les chœurs de la Chapelle Sixtine au Vatican étaient composés de castrats. De jeunes garçons auxquels on avait coupé les testicules pour empêcher leur voix de muer. Cette mutilation opérée avant la puberté arrêtait la croissance du larynx et leur permettait de conserver leur voix de soprano. Les castrats graciles, imberbes, d’une féminité exacerbée ne manquaient pas de charmer plus d’un Monsignore… Quelques castrats devenus adultes obtinrent une extraordinaire célébrité tels Caffarelli (1707-1783) et Farinelli (1705-1782). Il existe un enregistrement unique sur rouleau de cire de Velluti, le dernier castrat mort en 1861.

Michel LARIVIERE

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