Après la découverte de Pompéi, en 1748, et celle de Herculanum, les fouilles archéologiques entreprises dans les deux cités romaines détruites par l’explosion du Vésuve vont remettre l’Antiquité à la mode.
L’archéologue et historien d’art allemand Johann Winckelmann, notamment, écrit une Histoire de l’art chez les Anciens, apologie des arts gréco-romains qui encourage les artistes européens à imiter ou même à copier le nu antique.
Après avoir visité Pompéi et lu l’ouvrage de Winckelmann, David, le peintre officiel du Consulat et de l’Empire ne cessera de glorifier le nu masculin. Dans son célèbre tableau Les Sabines (visible au Louvre), qui dépeint un thème de l’Antiquité évoqué par Plutarque, seules les femmes sont vêtues. Tous les corps d’éphèbes étalent, eux, une nudité ambiguë et complaisante.
De même, dans Léonidas aux Thermopyles, on voit les Spartiates affronter les Perses dans le plus simple appareil. Où David a-t-il appris que les guerriers de l’Antiquité se battaient entièrement nus ? À l’époque, cette récurrence de la nudité dans les tableaux du peintre également auteur du Sacre de Napoléon choque ses contemporains. David se défend en invoquant les travaux de Winckelmann.
Toutefois, cet alibi ne tient pas concernant une autre oeuvre, La Mort du Jeune Bara (à dropite), que l’on peut voir de nos jours au musée d’Avignon. Rien ne justifie en effet la nudité, la féminité, ni la pose érotique d’abandon du personnage. Cette fois, en peignant ainsi ce jeune tambour militaire républicain martyr de la guerre de Vendée en 1784, David laisse simplement libre cours à son amour des jeunes garçons.