Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • CESAR: la femme des tous les maris. (Suétone)

    Caius Julius CESAR

    (101- 44 avant notre ère)

     « César était le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris. » nous dit l’historien romain Suétone. La bisexualité de César était en effet connue de ses contemporains.

    Dans l’Antiquité romaine, les hommes étaient naturellement bisexuels, sans en avoir le concept.

    Agé de 17 ans à peine, César, ne discute pas, et se laisse marier avec Cornélia, la fille de Cinna, chef du parti populaire. Lorsque Cinna est assassiné, son gendre a tout à craindre de Sylla, le nouvel homme fort. Il s’enfuit et va terminer ses études en Grèce.

    Ses amis interviennent auprès de Sylla qui autorise César à rentrer à Rome. Mais celui-ci se méfie, craint les changements d’humeur du dictateur, et préfère continuer son service militaire. En l’an 81 avant Jésus-Christ il se fait attacher à l’état-major du général Minucius Thermus chargé de repousser Mithridate qui avait envahi les provinces romaines d’Asie Mineure. Au Nord-Ouest de l’actuelle Turquie, sur la rive droite du Bosphore, se trouvait le petit royaume de Bithynie, d’où le souverain Nicomède, allié de Rome, pouvait contrôler la navigation dans le détroit des Dardanelles. Minucius Thermus entreprend le siège de Mytilène et confie à César la charge de se rendre auprès de Nicomède pour lui rappeler son devoir d’allié de Rome et lui demander de mettre à sa disposition sa puissante flotte.  César n’a pas vingt ans lorsqu’il arrive à la Cour de Bithynie.  Le roi Nicomède succombe au charme du jeune ambassadeur Selon le philosophe et homme politique romain Cicéron :

    « Il donne l’ordre à ses gardes de conduire César dans sa propre chambre et de le coucher sur son lit d’or revêtu de pourpre. »

    Le roi possède un sérail d’une centaine de ravissants éphèbes de toutes nationalités, mais c’est à César qu’il donne la préférence. Fêtes et festins se succèdent en l’honneur de César et l’envoyé de Rome, oubliant sa mission officielle, accepte d’être l’échanson du roi et de partager sa couche.  Cette liaison est bientôt connue à Rome où l’on dit publiquement :

      « Si César s’attarde chez Nicomède, c’est parce qu’il est devenu le prostitué de ce roi. »

     En effet, César est heureux, il apprécie l’amour et la générosité de Nicomède, il aime ce cadre luxueux où la volupté se teinte d’exotisme. Pourtant, conscient de ses devoirs, il s’arrache des bras du roi de Bithynie pour reprendre le combat. Il fait preuve d’audace au siège de Mytilène et rentre à Rome avec les lauriers du vainqueur. Néanmoins, selon Suétone :

     « Il n’a qu’une idée en tête : retourner auprès de son amant. »

     Mais Sylla meurt et la politique reprend le pas sur l’amour.

     César n’ira pas rejoindre Nicomède, il demeure à Rome et commence une fabuleuse carrière politique. D’abord il doit faire face à ses ennemis qui ne manquent pas de lui reprocher sa liaison avec Nicomède. Dolabella, en plein Sénat, ose appeler César :

    « La rivale de la reine, la planche inférieure de la couche royale, l’établi de Nicomède, le lupanar de Bithynie ! »

     Car la bisexualité n’appelait aucun blâme à la seule condition que le couple soit formé de citoyens romains. Or le roi Nicomède, est un étranger. On reproche donc à César :

     «  de s’être prostitué avec un barbare. »

     Cette accusation ne va pas mettre un terme à sa carrière politique, il va s’afficher avec de jolies romaines, de préférence des femmes mariées. Mais dans le même temps, si l’on en croit le poète Catulle : « Il tombe amoureux du chevalier Mamurra, qu’il comble de cadeaux, et va jusqu’à lui construire un palais. »

    Pour ses amours, César dépense sans compter, or il n’a pas de fortune. On murmure que ses dettes s’élèvent à près de 1.500 talents (l’équivalent de plusieurs millions d’euros). Fort à propos, Nicomède meurt, et César, sachant que son amant ne l’a pas oublié, entreprend le voyage de Bithynie pour recueillir sa part d’héritage.

    Sur le chemin, près de Milet, il tombe entre les mains des pirates qui exigent une rançon. Après cinq semaines de captivité, la rançon arrive. Aussitôt libéré, César monte une opération de représailles contre ses geôliers. Au cours d’une bataille navale, les vaisseaux des pirates, avec tous leurs trésors tombent aux mains de César. Il laisse les pirates prisonniers à Pergame et poursuit sa route vers la Bithynie où il recueille l’héritage de Nicomède.

    Plus tard  Suétone raconte une séance du Sénat au cours de laquelle César, pour justifier sa fortune, fait allusion : « aux nombreux bienfaits de Nicomède. » Cicéron lui réplique alors :

    « Passons là-dessus, je t’en prie César, car personne n’ignore ce qu’il t’a donné et ce qu’il a reçu de toi. » On ne saurait être plus précis.

    La bisexualité de César ne sera jamais un obstacle à son ascension politique.

     Il choisit la cause du peuple, et grâce à son éloquence et à ses largesses, parvient à s’élever aux dignités de questeur, puis d’édile et de grand pontife en l’an 63.

    Il s’attache Pompée en lui donnant sa fille en mariage, forme un triumvirat avec son beau-père et Licinius Crassus. Il est nommé proconsul des Gaules et commande quatre légions.

    En 52 avant J-C., il bat Vercingétorix à Alésia, puis triomphe des Helvètes, soumet les Belges, porte ses armes au-delà du Rhin, et traversant la Manche, conquiert les îles Britanniques. Rome célèbre son triomphe avec solennité. Dans la foule, quelques Romains qui connaissent ses goûts crient :

     « Vive la Reine ! » et, selon Suétone ses soldats chantent en marchant :

    e « César a soumis les Gaules, mais Nicomède a soumis César. »

    La popularité de César continue à croître et commence à inquiéter le Sénat qui, craignant sa dictature, lui enjoint de rendre son commandement.

    Bientôt deux factions s’élèvent et n’attendent qu’un signal pour s’attaquer : le peuple qui soutient César et le Sénat qui soutient  Pompée. Tous deux invoquaient la république, mais l’un et l’autre  souhaitaient le pouvoir personnel.

    César connaît l’avantage d’une décision rapide. Il pèse ses ressources et les dangers de la situation  en s’écriant « Alea jacta est » (le sort en est jeté) franchit le Rubicon avec son armée : il marche contre Pompée, le gagne de vitesse et le chasse d'Italie avant qu’il n’ait eu le temps de rassembler ses forces. Les portes de Rome lui sont ouvertes, les partisans de Pompée, en s’enfuyant, laissent le trésor public à la discrétion du vainqueur.

    César confie à Antoine le commandement de l’armée d’Italie, il peut alors continuer la guerre  en France où ont fuit les lieutenants de Pompée qu’il ne tarde pas à vaincre.

     Ne s’accordant aucun répit, il repart pour la Grèce à la poursuite de Pompée qu’il défait à Pharsale en l’an 48 avant J.C. Sa clémence envers les vaincus lui amène de nouveaux soldats sous ses drapeaux. Il passe alors en Egypte où Pompée s’est réfugié. Lorsqu’on lui apporte la tête sanglante de son ennemi, il ne peut s’empêcher de pleurer sur l’infortune de son ennemi.

    Après avoir vaincu Ptolémée, roi d’Egypte, il donne le royaume  à Cléopâtre, qui deviendra sa plus célèbre conquête féminine. Infatigable, il poursuit ses exploits en Asie Mineure, il va vaincre Pharnace, fils de Mithridate, Scipion et Juba. Rentré  à Rome,  il y reçoit quatre jours de suite un triomphe. Nommé dictateur, puis empereur, il  possède l’empire du monde.

    Mais une conjuration de soixante sénateurs se noue contre lui. Ne songeant pas à sa sécurité, il entre au Sénat sans gardes. Il meurt en 44 avant notre ère, assassiné par des conjurés, parmi lesquels son fils adoptif  Brutus. Ses derniers mots soulignent l’ingratitude de Brutus :

    « Tu quoque fili » (Toi aussi mon fils !)

    Remarquable écrivain – Les Commentaires sur la Guerre des Gaules et La Guerre Civile demeurent des témoignages historiques exceptionnels par leur véracité et leur sobriété – cet admirable guerrier, ce grand politique voit encore de nos jours ses amours masculines « oubliées »  par des historiens homophobes. Puissance et pérennité de la censure ! Aucun historien, aucun auteur dramatique, aucun cinéaste (et ils ont été nombreux à avoir traité du personnage) ne fait allusion à la bisexualité de César.

    Michel LARIVIERE,  On vous l’a caché à l’école, extrait de Têtu.